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Sciences et médecine - Page 5

  • Machine : 4 - Humain : 1

    4-1 : c’est le résultat de la victoire "à la PSG" d’une machine sur l’homme dans un des jeux les plus cérébraux qui soient : le go.

    J’avais parlé sur ce blog de la victoire historique d’une machine contre Gary Kasparov en 1997. Vingt ans plus tard, en mars 2016, c’est encore une intelligence artificielle qu’un cerveau humain affrontait à Séoul, dans le cadre d’une partie hautement symbolique. Lors de la première manche, le champion du monde Lee Se-Dol avait déclaré forfait après une domination de la machine, avant de remporter une manche. Le grand maître se sera finalement incliné pour les trois manches suivantes.

    La légendaire partie d’échec de 1997 mettait aux prises entre Gary Kasparov avec une machine d’IBM. Signe des temps, le programme informatique AlphaGo qu’affrontait le champion du monde du go, le Sud-Coréen Lee Sedol, est issu de la recherche de Google DeepMind, une entreprise britannique rachetée par le groupe américain Google.

    Le go, vieux de trois mille ans, est assez peu connu en Occident où il est apparu il y a un siècle. Ce jeu de stratégie met deux joueurs face à face autour d’un plateau de 19 lignes sur 19. Chaque joueur délimite un territoire grâce à des pierres noires et blanches. Simple en apparence, le go permet un nombre de combinaisons phénoménales, et bien plus importants que le jeu d’échec (10170 pour le go contre 10120 pour les échecs, nous disent David Labousserie et Morgane Tual dans Le Monde pour leur article "Intelligence artificielle : l’humain battu au jeu de go").

    Prouesse technologique et avenir vertigineux pour les robots, ce tournoi au cours duquel une intelligence artificielle a mis la pâtée à un cerveau humain pourrait bien anticiper dans les années et les siècles à venir une domination inquiétante des machines. Les plus pessimistes déclareront qu’à l’avenir ce ne sera pas le nucléaire qui sonne le glas du genre humain mais le silicium.

    En attendant, pas rancuniers, les représentants – humains – de l’association sud-coréenne du go ont décerné à la machine le titre de grand maître.

    "Jeu de go: AlphaGo le «divin» met K.O. le champion du monde Lee Se-Dol",
    20 Minutes, 15 mars 2016

    "Machines : 1 - Humains : 0"

  • Machines : 1 – Humains : 0

    Pour George Steiner, les deux faits historiques les plus importants du XXème siècle, ceux que les historiens du futur retiendront, ne seront sans doute pas les guerres ou les crises qui ont traversé cette époque mais deux événements exceptionnels: la conquête de la lune en 1969 et la défaite aux échecs de Gary Kasparov contre une machine en mai 1997.

    Cette réflexion du philosophe franco-américain n'est pas à prendre comme une boutade, ni une provocation ni comme un combat d'arrière-garde contre l'informatique. Celui qui est considéré comme un des plus grands intellectuels européens, considérait d'ailleurs en 2011 que "les machines sont déjà interactives avec le cerveau : "L'ordinateur et le genre humain travaillent ensemble." Steiner considère pourtant comme lourd de sens la défaite du champion du monde et surdoué contre une vulgaire "boîte de métal". 

    La première grande défaite de Kasparov contre un ordinateur, Chess Genius 2.0, s'est déroulée il y a vingt ans, le 31 août 1994. À l'époque, comme le rappelle Pierre Barthélémy dans Le Monde, des ordinateurs ont déjà battu des joueurs d'échecs, dont Kasparov lui-même. Mais il s'agissait de parties rapides, jouées en cinq minutes (les blitz). Pour autant, il paraissait inconcevable que le cerveau exceptionnel d'un grand maître des échecs puisse être battu par une vulgaire machine lors d'une partie classique de plusieurs heures. 

    C'était sans compter Chess Genius en 1994 mais surtout Deep Blue (ou Deeper Blue) en 1996 et 1997.

    Cet ordinateur monstrueux, conçu par des équipes d'IBM, était capable de calculer plusieurs milliards de positions par minutes grâce à des millions d'informations et de paramètres emmagasinés dans sa mémoire. Sa base de données phénoménale et sa puissance de travail faisaient de lui un redoutable adversaire. 

    En 1996 et 1997, une série de plusieurs matchs médiatisés voient la confrontation de l'Ogre de Bakou contre Deep Blue. Au terme du dernier match, joué le 12 mai 1997 à New York, le public stupéfait assiste à la défaite de l'homme contre la machine lors d'une partie restée dans les annales.

    Kasparov a choisi, lors de cette partie mémorable, de jouer des coups inédits (une tactique "antiordinateur" comme le dit Pierre Barthélémy) que l'ordinateur n'a donc pas en mémoire. Or, le sacrifice d'une pièce par Deep Blue perturbe le champion humain. Déstabilisé, ce dernier est mis échec et mat, déjoué par une stratégie que l'ordinateur semble avoir "imaginée"... 

    Cet événement exceptionnel a été commenté à maintes reprises. Commenté et relativisé aussi. Ainsi, en octobre 2012, un journaliste du New York Times attribue le mouvement sophistiqué de Deep Blue à... un bug informatique, bug qui a fait perdre les pédales à Gary Kasparov. Cette explication ne cache cependant pas l'enjeu de ce match historique.

    Vingt ans plus tard, les ordinateurs ont confirmé leurs capacités de calcul. Plus que des adversaires de jeux, ils sont devenus des outils – pour ne pas dire des compagnons et coachs – de tout joueur d'échecs qui se respecte. L'organisation de matchs hommes-machines auraient-ils un sens aujourd'hui ? Il semble que non, répondent plusieurs spécialistes : l'homme n'en gagnerait aucun !

    Cet échec et mat de 1997, que George Steiner commente comme un événement historique de première importance, est aussi une défaite de l'intelligence humaine.

    Au soir de son match perdu de mai 1997, fait remarquer le philosophe, Gary Kasparov notait ceci: "La machine n'a pas calculé, elle a pensé".  

    "L'espèce humaine, échec et mat", Le Monde, 13 septembre 2014
    Interview de George Steiner, Télérama, le 12 décembre 2011
    "La machine est-elle plus forte que l'homme ?", Les-echecs.com

    Photo : Markus Spiske temporausch.com - Pexels