Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Si la musique est bonne

C’est bien connu : en France, la musique de films est un genre injustement considéré. Pour beaucoup, la bande originale de films se limiterait à de jolis habillages sonores plus ou moins troussés, des illustrations musicales vite oubliées ou de simples rythmiques ad hoc accompagnant telle ou telle scène.

Le public et les professionnels américains sont moins ânes que nous, qui ont fait des ponts d’or à des compositeurs français comme Michel Legrand, Alexandre Desplat ou encore Maurice Jarre. En vérité, des médailles devraient être spécialement décernées à ces artistes d’exception. Et, à coup sûr, Philippe Sarde aurait certainement la sienne.

Ce grand nom de la musique, passionné de cinéma dès son plus jeune âge, est entré dans la bande original de film à la faveur d’une rencontre avec Claude Sautet. Le réalisateur français lui demande de signer sa première BO. Ce sera pour Les Choses de la Vie, avec Michel Piccoli et Romy Schneider. Suivront plus de 250 autres compositions, avec des cinéastes aussi différents que Roman Polanski, Jacques Doillon, Alain Corneau, Bertrand Tavernier, Georges Lautner, Marco Ferreri ou Jean-Jacques Annaud pour La Guerre du Feu.

Huit bandes originales remastérisées de Philippe Sarde pour des films noirs et d’aventures sortent en ce moment et permettent de découvrir ou redécouvrir un musicien d’exception, toujours actif puisqu’il vient de signer la BO du film Rodin de Jacques DoillonCette nouvelle livraison consacrée à la musique de Philippe Sarde rassemble ces huit BOF : Le Choix des Armes d’Alain Corneau (1981), L’Étoile du Nord de Pierre Granier-Deferre (1982), Fort Saganne d’Alain Corneau (1984), Ennemis intimes de Denis Amar (1987), La Maison assassinée de Georges Lautner (1988), Max et Jérémie de Claire Devers (1992), La Fille de d'Artagnan de Bertrand Tavernier (1994) et Les Voleurs d’André Téchiné (1996).

La philosophie de Michel Sarde est de ne faire de ses créations musicales des œuvres capables d’enrichir le film lui même : "La musique de film n’a de valeur que lorsqu’elle est écrite comme un complément scénaristique, capable de raconter une histoire supplémentaire, d’ajouter ou de rendre compréhensibles des choses que le metteur en scène a sans doute cherché à dire mais qu’il n’a pas pu raconter en images", dit-il dans une interview pour Écran Total (24 mars 2017).

Les bonnes musiques de films marchent seules. Celles de Philippe Sarde n’ont pas besoin de la l’image des films qu’elles ont illustrées pour fonctionner et transporter.

En prenant à bras le corps des univers aussi différents que la grande saga d’aventure (Fort Saganne), le polar (Le Choix des Armes) ou le film de capes et d’épées (La Fille de D’Artagnan), Philippe Sarde utilise une palette impressionnante de talents pour se fondre dans des films de genre très variés.

Ces huit BO proposent une gamme hétéroclite de styles et d’univers : la richesse instrumentale prokofievienne du titre phare de La Maison assassinée, le poème symphonique à la fois rythmé et d’une belle expressivité d’Ennemis intimes ou le le concerto pour violoncelle au lyrisme bouleversant de Fort Saganne. Philippe Sarde se transforme en musicien jazz pour Max et Jérémie (Jérémie chez Max), gershwinien pour Le Choix des Armes (Noir) ou créateur contemporain dans ce mouvement tourmenté des Voleurs.

Mélodiste et arrangeur hors pair (La Maison abandonnée pour Le Choix des Armes), Philippe Sarde est aussi impeccable lorsqu’il choisit une musique imitative, par exemple dans la rythmique audacieuse pour le titre bien-nommé La Boxe (Max et Jérémie). Philippe Sarde se fait également pasticheur de talent lorsqu’il créé pour La Fille de d’Artagnan un "vrai-faux" rigaudon du XVIIe siècle (Rigaudon), une pièce de chambre concertante (Les Oubliettes) ou encore cette valse enlevée dans L’Étoile du Nord (Pour Philippe).

Artiste autant qu’artisan, Philippe Sarde est un défenseur infatigable de sa profession. Le compositeur a un rôle capital dans la création d’un film, assène-t-il, "sinon il suffit d’acheter une banque de sons dans un magasin et l’on dispose alors d’une bande originale sur mesure." Pour autant, il ne se montre pas amer lorsqu’il parle de l’absence de prix musical au Festival de Cannes : "Si le film est bien, s’il plaît, alors la musique y est forcément pour quelque chose."

Philippe Sarde, Original Soundtracks, “Fort Saganne”, “Le Choix des Armes”,
La Fille de d'Artagnan”, “L'Étoile du Nord”, “La Maison assassinée”, BMG, 2017
Max et Jérémie”, “Ennemis intimes”, “Les Voleurs
"Philippe Sarde Original Soundtracks" (Page Facebook)

Les commentaires sont fermés.