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  • Frits Thaulow, un bobo chez les impressionnistes

    thaulow,monet,boudin,bjørnstjerne bjørnson,christian krohg,oscar wilde,normandie,caen,impressionnisme,carl frederik sørensen,budde,diaghilev,strindberg,bernhardt,montesquiou,quentin de la tour,chardin,nattier,lowell birge harrison,le sidaner,liebermannFrits Thaulow (1847-1906) était inconnu pour le public français, du moins jusqu’à ces dernières années. Pour la troisième fois, après deux expositions en 2011 et 2013, le Musée des beaux-arts de Caen présente des œuvres de ce peintre norvégien, grand voyageur, romanesque et artiste d’avant-garde.

    Il y a sans nul doute urgence à découvrir l’exposition qui lui est consacrée : Frits Thaulown Paysagiste par Nature, jusqu’au 26 septembre 2016. D’abord parce qu’il s’agit de la plus importante rétrospective en France de cet impressionniste : dans le cadre de Normandie Impressionniste, le musée des beaux-arts de Caen présente 61 œuvres, issues pour la plupart de la Galerie Nationale d’Oslo. Ensuite parce que Thaulow offre le visage d’un artiste à la fois attachant et proche de nous. Son ami et peintre Christian Krohg dit de lui en 1874 : "C’est un type épatant, le seul parmi les peintres ici chez qui on trouve un peu d’humour et d’amabilité. En revanche, les autres sont de tristes sires tout autant qu’ils sont."

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    L’exposition temporaire s’ouvre sur une toile certainement emblématique de l’homme, Sillage d’un Paquebot (vers 1898). Cette huile est moins à voir comme une peinture de marine que comme l’expression d’un voyageur, un artiste ayant parcouru le monde au point d’avoir été internationalement connu à son époque. L’artiste a choisi de représenter, dans cette petite toile, non le bateau en lui-même mais son sillage évanescent : "Je suis resté longtemps à regarder l’océan. Les larges masses d’écume s’élargissaient en lignes merveilleuses et en masses décoratives semblables à des dalles de marbre noir et blanc, polies par les flancs durs du navire" raconte-t-il.

    thaulow,monet,boudin,bjørnstjerne bjørnson,christian krohg,oscar wilde,normandie,caen,impressionnisme,carl frederik sørensen,budde,diaghilev,strindberg,bernhardt,montesquiou,quentin de la tour,chardin,nattier,lowell birge harrison,le sidaner,liebermannC’est d’abord dans la marine que Thaulow s’affirme, dans la droite ligne du courant académique mariniste. Un académisme somme toute modeste pour la petite capitale norvégienne, dépourvue au milieu du XIXe siècle de grande institution artistique académique. Enfant d’une famille bourgeoise éprise d’arts et lettres (l’écrivain Bjørnstjerne Bjørnson est un ami de la famille), le jeune Thaulow est fasciné par le peintre mariniste Carl Frederik Sørensen dont les œuvres ornent le domicile parental et qui l’influencera dans ses marines de tradition romantique (Marine après la tempête, 1871).

    Car les influences de Thaulow sont d’abord à chercher du côté de ses compatriotes : Sørensen, je l'ai dit, mais aussi Hans Budde. Le jeune peintre est marqué par le courant naturaliste de ce dernier. Pour ses premières œuvres, il cherche à transmettre le réalisme de ses sujets et de ses matières, utilisant des teintes grises et brunes. En Norvège, Thaulow est également en contact avec un autre de ses condisciples, Edvard Munch. Le musée des beaux-arts de Caen présente une des toiles de l’auteur du Cri : Saxegådsgate (v. 1882).

    En 1872, Thaulow s’arrête dans un modeste village de pêcheur, Skagen, pour représenter la vie simple de ses habitants (Le Cotre Liberté, 1872), à la manière d’Eugène Boudin : larges touches de pinceau, teintes grises du ciel, personnages à peine esquissés. En Norvège, c’est à la vie de ses contemporains qui l’intéresse : Le Retour des Pêcheurs, à Skagen (1879), Rivage (1879) montrant l’embouchure de la rivière Ogna dans la mer à Jæren. Thaulow s’affirme comme un dessinateur et un coloriste hors pair lorsqu’il représente le port de Christiana (Revierhavnen, 1881).

    En 1874, Thaulow découvre la France, un pays qu’il arpentera toute sa vie : Normandie, Bretagne, Picardie ou Paris. Il ramène de ses voyages des représentations de paysages et de côtes : Montreuil-sur-Mer dans le Pas-de-Calais, les rives de la Somme en Picardie, la Dordogne en Corrèze, la Seine à Paris de 1892 à 1893 ou Quimperlé dans le Finistère (Le Soir à Quimperlé, Bretonne sur le Pont, v. 1901-1902).

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    Influencé par l’école pleinairiste, Thaulow suit l’exemple de ses contemporains impressionnistes, Monet en premier lieu : il peint d’après nature, en plein air, et s’impose comme un coloriste passé maître dans l’art de reproduire les teintes aquatiques bleutées : "Je ne vois qu’un homme qui sache dessiner l’eau comme Boecklin, l’architecture des vagues, le remous des ondes. j’ai nommé : Thaulow" dit à son sujet Robert de Montesquiou en 1897. Thaulow impressionne littéralement lorsqu’il représente les remous d’un moulin à eau (Moulin à Eau, 1892) le bouillonnement d’une rivière à Manéhouville (v. 1897) ou l’écume des vagues sur une plage à Dieppe (v. 1899). 

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    Après 1886, s’ouvre une période artistique marquée par le pastel, une technique qui avait été en vogue au cours du XVIIIe siècle (Quentin de La Tour, Chardin, Nattier), avant d’être boudée au tournant du XIXe siècle. Il revient en force grâce à Boudin et Millet. Frits Thaulow s’y intéresse à son tour. L’artiste voit tout l’apport du pastel, moyen d’expression énergique, nerveux et d’une rare expressivité grâce aux contrastes saisissants qu’il offre. Mais Thaulow y apporte sa patte. Il représente des canaux, des vues marines (Un Îlot en pleine Mer, 1890), des paysages enneigés (Effet de Neige, Norvège, 1904) et parvient à traduire les effets de matières, de reflets, de lumières et d’eaux. Il sait jouer des contrastes pour représenter les nuits les plus sombres, éclairées de quelques lampadaires et peuplées d’arbres d’un vert tranchant, ectoplasmes inquiétants.

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    Frits Thaulow est présent à Caen jusqu’au 26 septembre, en compagnie d’autres artistes de son époque : Eugène Boudin, Lowell Birge Harrison, Christian Korhg, Henri Le Sidaner, Max Liebermann, Claude Monet ou Edvard Munch. C’est l’occasion de découvrir l’un des artistes les plus attachants du XIXe siècle.

    Frits Thaulow, Paysagiste par nature, Musée des beaux-arts de Caen, 16 avril-26 septembre 2016
    Avec un espace pédagogique et ludique pour les enfants
    Collectif, Frits Thaulow, Paysagiste par nature, éd. Snoek, 2016
    Normandie Impressionniste

    Alfred Roll, Le Peintre Frits Thaulow et sa femme Alexandra, 1890,
    Petit Palais, Musée des Beaux-arts de la Ville de Paris
    Frits Thaulow,
    Une Rue à Christiana (détail), 1880, Oslo, Bymuseum
    Frits Thaulow,
    Monticule rocheux, motif de Kragerø, 1882, Göteborgs kunstmuseum
    Frits Thaulow,
    Le Havre : Marée basse, 1877, Thiers, Musée de la Coutellerie
    Frits Thaulow,
    La Rivière Simoa en Hiver (Modum), 1883, Oslo Nasjonalgalleriet
    Frits Thaulow,
    Le Soir à Quimperlé. Bretonne sur le Pont, 1901-1902, Royaume-Uni, collection particulière

  • Eugène Boudin, le roi des ciels

    boudin,monet,courbet,millet,whistler"Je dois tout à Boudin" disait Claude Monet à propos de celui que l'on peut qualifier de "baliseur de l'impressionnisme." Artiste majeur du XIXe siècle, précurseur de la modernité picturale, innovateur fondamental, Eugène Boudin (1824-1898) reste l'auteur de peintres de marines et de plages normandes dont se sont inspirées pour le meilleur et pour le pire pléthores de peintres du dimanche !

    Limiter Boudin à ces scènes de genre c'est oublier son apport capital dans l'histoire esthétique du XIXe siècle. Le Musée d'art moderne André Malraux (MuMa) du Havre, qui possède la deuxième plus importante collection du natif de Honfleur (325 oeuvres) propose une grande exposition consacrée : "Eugène Boudin : l'atelier de la lumière" (16 avril-26 septembre 2016), dans le cadre du festival Normandie Impressionniste. La dernière exposition havraise de ce type datait de 1906. Cette incongruité illustre les liens ambigus que Boudin entretenait avec sa ville d'adoption.

    Attaché à Honfleur, le peintre est soutenu financièrement au début de sa carrière par la ville du Havre. Elle prend cependant ombrage des choix peu académique d'un artiste déjà considéré comme très doué. Peu avant sa mort, Eugène Boudin décide de léguer plusieurs toiles à sa ville de naissance. Le Havre ne devait, elle, recevoir que deux toiles. C'est son frère Louis Boudin, et surtout son exécuteur testamentaire Gustave Cahen, qui dotent Le Havre d'un fond de peintures et de dessins considérable. Et c'est un autre admirateur, Pieter Van der Velde, collectionneur et mécène, qui impulse au début du XXe siècle la vocation d'art moderne du musée havrais en faisant entrer dans ses collections des œuvres de Monet, Sisley, Pissaro, Renoir et bien entendu Boudin.

    boudin,monet,courbet,millet,whistlerLa reconnaissance réelle des impressionnistes et la paradoxale discrétion d'un peintre attachant méritent que l'on s'arrête sur celui que Corot surnommait "Le roi des ciels".

    Le MuMa s'arrête sur un parcours artistique passionnant qui a mené Boudin de la Normandie à Londres, en passant par la Bretagne, Paris et les Pays-Bas, toujours à la recherche d'une nouvelle esthétique.

    Dans ses jeunes années, lorsqu'il rencontre Jean-François Millet, l'auteur des Glaneuses entend le dissuader de se lancer dans la peinture, ce que Boudin fera pourtant, encouragé par Constant Troyon et Thomas Couture. Grâce à leurs encouragements et leurs appuis, il obtient une bourse du Havre où il vit depuis ses onze ans. Des natures mortes et des copies au Louvre n'apportent pas satisfaction aux édiles havraises. Le jeune peintre est déjà obnubilé par des questions esthétiques qui ne cesseront de le tarauder : les rendus de la lumière, l'immédiateté, le travail en plein air plutôt que dans l'atelier et la priorité donnée à la nature ("La nature est mon grand maître"). Il convainc d'ailleurs Claude Monet, de seize ans son cadet, de le suivre pour ses exécutions en pleine nature, comme le prouvent les études de barques des deux artistes : ce parti-pris s’avérera fondamental dans le devenir du futur mouvement impressionniste.

    Cet homme modeste, généreux et altruiste, tiraillé par ses engagements familiaux et professionnels, veut approcher un idéal esthétique : capter la beauté impalpable des paysages, saisir l'évanescence et les "métamorphoses de l'enveloppe" . Dès ses premiers dessins de pêcheurs dans les années 1850, Boudin immortalise la mer, le ciel, les nuages (les "beautés météorologiques" comme le qualifie Baudelaire)  et les personnages comme fondus dans les paysages.

    boudin,monet,courbet,millet,whistlerÀ partir de 1862, Eugène Boudin représente ses premières scènes de plages: Trouville (La page de Trouville, 1865, notamment). L'artiste affectionne ces œuvres, peu goûtées par les collectionneurs qui les qualifient "d'approximatives". On croirait Boudin parler d'eux lorsqu'il parle des habitants de Deauville qu'il a si souvent représentés : "Bande de parasites, qui ont l'air si triomphants !" Les amateurs d'art critiquent les représentations esquissées si éloignée de la peinture académique : dans les scènes de plages, les figures vues de près ont des airs de masques de carnaval, les groupes de personnages sont statiques, les silhouettes se dissolvent, les motifs disparaissent jusqu'à l'abstraction  et la lumière domine. L'esquisse au service de la fluidité des tableaux prend sa revanche. Sous l'influence de Johann Barthold Jongkind, le trait est ferme, concis, économe (L'embarcadère et la jetée de Trouville, 1867). L'esquisse est la marque de la modernité dont les impressionnistes puis les nabis sauront se souvenir.

    Moderne, Boudin l'est dans le choix de ses sujets : le tourisme en Normandie, la campagne bretonne représentée dans tous ses contrastes (Bretagne, Scène d'Intérieur, 1865-1870 ou La pointe du Raz, 1887), les paysans (Paysages. Nombreuses Vaches à l'Herbage, 1881-1888), les travailleurs populaires (Lavandières, 1881-1889) ou les scènes de pêche (Le Chargement du Poisson, 1880). Il l'est également dans le cercle de ses relations. De 1861 à 1889, il participe au Salon des artistes français, à la demande de Puvis de Chavannes. En 1863, il est au Salon des Refusés à Paris, fréquente les plus modernes des artistes de l'époque et travaille avec Courbet et Whistler à Trouville. En 1874, Boudin participe au premier salon impressionniste, bien qu'il se considère comme ne faisant partie d'aucune école. Il reste dans la modernité lorsqu'il invente la série, ressassant les mêmes sujets (plages, ports, bateaux, soleils couchant, et cetera), mais en variant la effets de lumière. Là encore, l'art de l'esquisse est porté à son apogée lorsque Boudin créé des versions réduites de tableaux de salon, avec toujours pour obsession le rendu subtil de la lumière "qui a un langage. Il faut la faire parler, il faut la faire chanter. Il ne faut pas la faire gueuler." L'étude devient œuvre à part entière (Étude de Ciel, 1855-1862).

    boudin,monet,courbet,millet,whistlerTravailleur infatigable, Boudin n'hésite pas à retravailler en atelier des œuvres qui sont d'abord nés en pleine nature. Lorsqu'il "frotte" des marines, il entend garder intact l'impression primitive au moment où il finit ("perle") l'ouvrage dans son atelier parisien. 

    Après une crise de l'art qui l'oblige à vivre quelques temps aux Pays-Bas (1876), le peintre reçoit la reconnaissance de ses pairs, de l'Etat qui lui achète des peintures (Marée basse, 1884 puis Un Grain, 1886) et surtout des modernes impressionnistes. Ces derniers n'oublient pas le chemin balisé par leur aîné : le travail sur la lumière, bien sûr, mais aussi les exécutions en pleine nature, l'esquisse, la disparition du motif ou la réflexion sur le geste de l'artiste avec les séries. Boudin portait un regard plein de lucidité sur sa carrière : "Si plusieurs de ceux que j'ai eu l'honneur d'introduire dans la voie, comme Claude Monet, sont emportés plus loin par leur tempérament personnel, ils ne m'en devront pas moins quelque reconnaissance, comme j'en ai dû moi-même, à ceux qui m'ont conseillé et offert des modèles à suivre."

    "Eugène Boudin : l'atelier de la lumière", MuMa Le Havre, 16 avril-26 septembre 2016
    Eugène Boudin : L'Atelier de la Lumière, éd. RMN,MuMa, Paris, 2016, 240 p.
    Normandie Impressionniste

    Eugène Boudin, Berck. Le Chargement du poisson, 1880, huile sur toile marouflée sur bois, 31,7 x 46,6 cm. Cambridge (Royaume-Uni), Fitzwilliam Museum © Fitwilliam Museum, Cambridge
    Eugène Boudin, Le Bassin du Commerce au Havre, 1878, huile sur toile, 38 x 55 cm. Collection particulière © Photo Charles Maslard
    Eugène Boudin, Femme en robe bleue sous une ombrelle, vers 1865, huile sur carton, 22,1 x 31,8 cm. Le Havre, musée d’art moderne André Malraux © MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
    Eugène Boudin, Villefranche, vers 1892, huile sur bois, 41 x 32,7 cm.Williamstown, Massachusetts (États-Unis), Sterling and Francine Clark Institute © Sterling and Francine Clark Institute, Williamstown / Michael Agee