Livre ••• Essai ••• Luc Loiseaux, Rimbaud est vivant
Avant les Grandes Panathénées
Figure singulière de la scène française, Louis Arlette a su tracer sa route entre chanson française, rock, sons électro, influences orientales ("Lapis lazuli") et poésie. Une poésie que le musicien avait pleinement assumé dans son précédent opus, "Sacrilège" consacré à de grands noms de la littérature.
Le voici de retour avec un nouvel album, le bien nommé Chrysalide, qui sonne autant comme une renaissance qu’une redécouverte. Un voyage entre l’Abyssinie et Amsterdam ("Amsterdam en peine"), en passant par Babylone, le zoo de Vincennes, Troie et la Rome d’Énée.
Dès le premier morceau, "Lapis lazulis", nous voici dans son univers onirique, préambule à un opus d’une rare qualité d’écriture. Louis Arlette fait le choix du parlé-chanté dans cette pérégrination au titre éloquent, "Magnifique" : "Alors y’aura : / Athéna, Énée, et moi… / Mais oui, je sais, / J’étais pas né / Pendant les grandes Panathénées".
Zéro calcul pour Louis Arlette qui se livre ici comme rarement
Contemporain et bien dans son époque, Louis Arlette ne s’interdit pas de puiser dans les mythes et les traditions gréco-romaines, à l’instar du petit joyau d’écriture qu’est "Dis donc, Énée", construction poétique, "Un récit sans fin ni début / Psychédélique / Ex-libris / Ou bien délirant délice". Sans oublier le gothique et pop-rock "Sardanapale", rendu célèbre par le tableau de Delacroix.
Les mots de Louis Arlette s’imposent dans cette chanson française ou les sons urbains ne sont pas en reste, à l’instar de "Babylone + calories Calimero", le plus long morceau de l’opus. Le chanteur se lance dans un slam incroyable. Zéro calcul pour Louis Arlette qui se livre ici comme rarement.
Il y a du Serge Gainsbourg dans cette manière de jouer des mots, des images frappantes et des rimes en usant le talk-over. Louis Arlette ose le grand écart séduisant entre l’antique et l’hyper-moderne. À l’écoute des titres rap "Samsung enragé" mais aussi de "Croque Odile", c’est un autre artiste qui vient en tête : MC Solaar. Sens du rythme, écriture précise, jusqu’au timbre de Louis Arlette.
Voilà un beau voyage en neuf titres, dépaysant, poétique, soufflant un vent de fraîcheur par un artiste qui impose son univers avec audace.
Louis Arlette, Chrysalide, Le Bruit Blanc, 2024
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Voir aussi : "Louis Arlette, classique et moderne"
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