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Zombie, fais moi peur

Bertrand Crapez, qui avait commencé à sévir dans la fantasy avec le cycle Chronique des Prophéties oubliées (éd. Zinédi), se mue en auteur féroce et gore avec 1, 2, 3... Zombies ! (Livr’S Éditions). Ces chroniques fantastiques, post-apocalyptiques et grinçantes s’emparent d’un sujet désormais classique : celui du zombie et de la contamination des humains par des créatures qui ne sont finalement pas si éloignées de nous.

En l'espace de quelques mois, les habitants de notre belle planète bleue tombent comme des mouches, victimes d’un virus créé dans un laboratoire du Jura et se présentant sous la forme d'un joli liquide... bleu.

Bertrand Crapez nous fait grâce de la figure du héros survivant et courageux à la Walking Dead : dans son roman, la seule issue pour ses personnages est la mort atroce ou une contamination pas plus glorieuse. 1, 2, 3… Zombies ! ne fait pas dans la demie-mesure : il n’y a rien à sauver de cette humanité dont la sanglante et joyeuse apocalypse est prétexte à assouvir les plus bas instincts : jalousie, cupidité, vengeance et pouvoir.

Car voilà sans doute ce qui fait le vrai sel de ces chroniques : l'auteur brosse à gros traits, avec une énergie et un enthousiasme communicatif, une comédie humaine cruelle, sanglante mais aussi à l'humour noir assumé. Le zombie fait figure de révélateur de nos faiblesses et de notre capacité à nous surpasser dans l'odieux. Bertrand Crapez n'épargne personne : les scientifiques apprentis sorciers à l'origine de la contamination, les généraux et les hauts fonctionnaires bien décidés à étouffer l'apocalypse sur le point de se répandre ou ces professionnels de télévision qui ont réussi à faire de l'invasion de zombies un programme de télé-réalité à succès.

Le lecteur se régalera avec quelques chapitres poussant loin l'humour noir et le gore digne de Bad Taste : un maire cynique et ambitieux contaminé de la plus grotesque des manières, des mafieux russes aux prises avec une zombie plus farouche qu’on ne le croit, ou bien cette scène surréaliste de tournage par un réalisateur italien autant mégalomane qu’inconscient.

Digne de Bad Taste

Comme souvent, le zombie, dont on aime être effrayé, cristallise nos pires pulsions. Bertrand Crapez, en le lâchant dans les rues, en fait presque notre égal, à peine plus monstrueux, à l'exemple de ce professeur frustré dans l’une des meilleures chroniques de son livre, "Un simple incident administratif".  

Le lecteur retrouvera également des clins d'œil à l'actualité récente, que ce soit ces références aux migrants, au mur de Trump ou à une présidente de la République, copie conforme de Marine Le Pen.

Bertrand Crapez se montre audacieux et pugnace dans ces chroniques d'une apocalypse qu’il prend un malin plaisir à étaler dans le temps et l’espace. C’est ainsi que le récit d'une boulette dans un laboratoire paumé du Jura devient un cataclysme universel. Les zombies à la Romero deviennent, après un passage dans un monde digne de Terminator, des Aliens catapultés dans Star Wars. Et voilà comment l’auteur d’héroïc fantasy se transforme, le temps d'un roman endiablé, en chroniqueur d’anticipation, de SF et de space opera.

Encore une histoire de mutation qui a réussi, en somme.

Bertrand Crapez, 1, 2, 3… Zombies !, éd. Livr’S Éditions, 2018, 173 p.
https://www.facebook.com/bertrand.crapez
http://lheritierdarthur.zinedi.com

 

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