Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

mads mikkelsen

  • Jolie bouteille, sacrée bouteille

    On sait que l’on peut faire un mauvais film avec une bonne idée, mais peut-on faire un film excellent avec une idée, sinon mauvaise, du moins improbable ? La réponse est oui, si l’on pense au dernier film de  Thomas Vinterberg, Drunk, avec la star mondiale Mads Mikkelsen dans le rôle-titre.

    Le réalisateur de Festen et théoricien du "Dogma 95", a fait en 2020 son grand retour avec cette comédie dramatique et sociale, sur fond de réflexions sur l’alcool et sur son importance sociale. Contre toute attente, Drunk a récolté pléthore de récompenses : les César, Oscar et BAFTA du meilleur film étranger, une coquille d’argent au Festival international du film de Saint-Sébastien en 2020, sans compter les principaux prix du cinéma européen (meilleur, film, meilleur réalisateur, meilleur scénario et meilleur acteur pour Mads Mikkelsen).

    Autant dire que Drunk est marquant en dépit de son pitch à bien des égards piégeux. Quatre amis danois, des quadragénaires et professeurs de leur État, se lancent, lors d’une soirée, dans une expérience folle – puisqu’il fait bien appeler les choses par leur nom : mettre en pratique une théorie selon laquelle l’homme naît avec un déficit d’alcool de 0,5 g/litre de sang. Pour retrouver un équilibre, chacun devrait absorber de quoi retrouver cette dose originelle. Les quatre amis décident donc de consommer régulièrement de l’alcool, mais avec une rigueur toute scientifique. Toutefois, l’expérience a ses limites et finit par déraper.

    On devine les écueils qui attendaient Thomas Vinterberg et sa famille d’acteurs et d’actrices : une suite de scènes de bitures (certes, qui existent), un discours convenu sur les ravages de l’alcool ou une comédie à la fois lourdingue et pleine de pathos. Rien de tout cela, cependant, dans Drunk.

    Le passage vers une folie provisoire et un état de transe

    C’est d’abord le petit groupe d’amis quadras qui intéresse le réalisateur danois, auscultant les blessures, le rêves brisés et les déchirures de ces amis, lancés dans une quête improbable du bonheur. La présence magnétique de Mads Mikkelsen y est pour beaucoup : on est bouleversés par Martin, ce professeur d’histoire qui a perdu la flamme et voit son couple couler. 

    Des critiques ont vu, à juste titre , Drunk comme une critique sociale du Danemark, pays paisible, poli et convenu que les quatre modestes professeur secouent en mettant en pratique une expérience autant improbable que choquante. Que l’on pense à cette scène où un professeur de philosophie encourage son élève à prendre quelques rasades d’alcool pour pouvoir affronter un examen et disserter sur Kierkegaard !

    Thomas Vinterberg est maître dans son art de filmer les scènes de boissons : bouteilles que l’on débouche, verres de vin blanc portés à la bouche, scènes de beuveries ou encore cette manière de pousser tel ou tel à à s'en servir encore un... Boisson sociale s’il en est, l’alcool devient aussi, dans la dernière scène électrisante où Mads Mikkelsen montre tous ses talents de danseur, un produit euphorisant permettant le passage vers une folie provisoire et un état de transe que les Grecs anciens n’auraient pas renié. 

    Placer l’alcool au cœur d’un film était un pari risqué. Il est réussi à plus d’un égard dans Drunk, jusque dans le choix musical, bien plus malin qu’il n’y paraît : les musiques traditionnelles danoises – prouvant la dimension sociale du long-métrage – côtoient un répertoire classique et en premier Tchaïkovski (La Tempête) et Schubert (la fameuse Fantaisie en fa mineur). Deux compositeurs  évidemment consommateurs d’alcool, voire qui avaient des problèmes avec la bouteille. 

    Drunk, comédie dramatique danoise de Thomas Vinterberg,
    avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Magnus Millang et Lars Ranthe, 2020 , 115 mn, MyCanal, Canal+

    https://www.hautetcourt.com/films/drunk
    https://www.facebook.com/theofficialmads
    https://www.canalplus.com/cinema/drunk/h/14878879_40099

    Voir aussi : "Lumineuse secte"

    Tenez-vous informés de nos derniers blablas
    en vous abonnant gratuitement à notre newsletter.

    Likez, partagez, twittez et instagramez les blablas de Bla Bla Blog !

  • Rogue One : contrat rempli, mais sans la magie

    Pourquoi le bloggueur est-il sorti frustré par le dernier Star Wars, Rogue One ? Encore que parler d’opus "Star Wars" pour ce prequel se déroulant peu de temps avant l’épisode IV (Un Nouvel Espoir, de fait le premier tourné en 1977) s’avère un contresens. Certes, le cahier des charges est rempli par Walt Disney pour contenter les fans de la saga : créatures extraterrestres, robots en pagaille, batailles spatiales, lutte contre le bien et le mal et – the last but not the least – le retour de figures bien connues, Dark Vador en tête (voir aussi cet article sur l'acteur Peter Cushing). Pour autant, d’où vient ce sentiment d'inaccomplissement et de frustration ?

    Sans doute pas de l’histoire. Les scénaristes ont ingénieusement développé une intrigue autour du fameux plan volé par la princesse Leia Organa au début de l’épisode IV, ce qui permet de faire la soudure avec le reste du cycle. L’impétueuse héroïne Jyn Erso (Felicity Jones) part à la recherche de son père, Galen Erso (Mads Mikkelsen, toujours aussi bon), ingénieur en chef chargé de construire l’Étoile de la Mort, diabolique arme destructrice de planètes. La jeune femme se trouve enrôlée dans les rangs d’un groupe de rebelles, avec parmi eux Cassian Andor, Baze Malbus, Chirrut Imwe et K-2SO, un robot plus vrai que nature et sans doute l’une des plus belles inventions de ce Star Wars. Tout ce petit monde part à la quête du plan de l'arme monstrueuse.

    Moins manichéen que les autres épisodes (si l’on excepte La Revanche des Siths), Rogue One respecte l’esprit de George Lucas en ce qu’il fait la part belle aux luttes cornéliennes, aux tensions familiales et aux chemins escarpés que doit suivre la Force dans un monde soumis à l’Empire.

    Les spectateurs apprécieront sur grand écran ce qui a toujours fait la magie de cette saga légendaire : les effets spéciaux (et aujourd’hui numériques), les vaisseaux spatiaux tous plus impressionnants que les autres, les combats et, plus spécialement pour ce spin-off, des paysages à couper le souffle. Jyn et ses acolytes vont de planète en planète : des landes vertes et humides de Lah'mu aux paysages désertiques de Jedha, en passant par la la base scientifique sombre et humide d’Eadu et la tropicale et faussement paradisiaque planète Scarif. C’est dans ce dernier monde que se déroulera la grande bataille pour la recherche du fameux plan et dont la furie guerrière n’est pas sans rappeler Apocalypse Now ou Full Metal Jacket. La longue et passionnante séquence autour et dans la tour d’archivage impériale identifierait pour certains Rogue One à un film de guerre. Ce serait cependant aller bien vite en besogne pour un long-métrage Disney à prendre tel qu’il est : un divertissement familial, certes plus sombre que les autres opus.

    Factuellement, Rogue One reste réussi. Mais ce spin-off se démarque trop des autres épisodes : pas d’introduction classique au large bandeau jaune défilant, une musique originale décevante et singeant les majestueux accords de John Williams (les auteurs n’ont heureusement pas été jusqu’à supprimer le traditionnel générique de fin) ou l’absence de combats au sombre laser – les puristes n’apprécieront pas. Plus important sans doute, ce qui faisait le charme des deux premiers cycles - héros mythiques, scènes quasi mythologiques telle la transformation faustienne d'Anakin Skywalker en Dark Vador et références quasi mystiques à cette religion qu'est la Force - est absent de ce prequel malgré toute la bonne volonté des créateurs et des acteurs.

    Il reste que les scénaristes et le réalisateur ont mis en place une ingénieuse séquence finale s’accordant à la perfection avec l’épisode IV de Star Wars. Rien que pour ce dernier coup d’éclat, Rogue One est à voir. Mais ne vous leurrez pas : au contraire du Réveil de la Force, sorti l'an dernier, la magie risque cette fois de ne pas être au rendez-vous.

    Star Wars : Rogue One, film américain de Gareth Edwards,
    avec Felicity Jones, Diego Luna, Ben Mendelsohn,
    Forest Whitaker et Mads Mikkelsen, 2016, 133 mn
    "Le réveil d'une épopée"