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Rechercher : enchères

  • Ça caille les belettes

    poésie,marie de quatrebarbesEt si, au lieu de pavés, on s'intéressait à ces petits livres que l'on peut dévorer en moins d'une heure ? Et pourquoi pas un recueil de poésie ? Celui que je viens de découvrir fait partie de ces petites merveilles que l'on risque de ne pas oublier de sitôt. 

    Le troisième ouvrage de Marie de Quatrebarbes, La Vie moins une Minute, déringardise un genre littéraire par les thèmes comme par le langage utilisé. Trois parties composent ce recueil : "Ça caille les belettes", "Looping" et "Sinon violette". Il est question dans ces textes en prose de la vie dans ce qu'elle a de plus fragile et de plus vivifiante : "C'est beau parce que c'est déchirant / c'est peu parce que c'est déchirant", comme on peut le lire.  

    Des personnages historiques (le Marquis de Sade) ou de contes de fée ("Bonjour Barbe bleue, comment vous dire ?") sont appelés à la rescousse pour parler des peurs enfantines qui nous paralysent comme de la rencontre de l'amour, d'un homme, la création d'un couple dans ce qu'il a de plus fragile et de plus éphémère : "L'amour n'est pas une transaction / on ne fait pas monter les enchères".

    Dans la partie intitulée "Ça caille les belettes", les fulgurances oniriques percutent de plein fouet ces petites choses quotidiennes : la vie de tous les jours, le ménage, les magasins, l'enfance blessée, les questions a priori simples qui nous taraudent tous ("Comment faire pour vivre le moment présent ?... / Comment faire pour vivre sans l'amour de sa vie ? / Comment faire pour vivre ?..."), des questions répétées ad nauseam dans les revues féminines et que l'auteur recycle avec un mélange d'ironie et d'amertume.  

    Marie de Quatrebarbes est dans la fragilité permanente dans "Looping", une partie où l'enfance est omniprésente, construite et déconstruite par bribes, à coup de sensations, de souvenirs, d'images, de fulgurances surréalistes, sans oublier un langage d'une grande liberté : anglicismes, jurons, phrases suspendues ("My name is sheat and you suck / toutes les saveurs sont bonnes à prendre / toutes les saveurs du restaurant italien / vraiment que du bon" ou "Putain de merde / ça décapite cette histoire de bisous-bisous"). La vie est au bout de ce voyage intérieur et littéraire, comme le montre le dernier texte de cette partie : "Dans la cuisine, les poils courts / il passe tout seul l'aspirateur / est-ce que tu porteras mon nom ?").

    Dans la troisième partie, "Sinon violette", il est toujours question de vie, bien sûr, mais aussi d'amour et de sexe ("Le monde est sexe si j'avais su") . Mais ici, pas de mièvrerie comme la poésie peut souvent nous en offrir. L'auteure nous parle de souvenirs, de peurs enfantines (encore), de Ph neutres (sic), de sensations ("Elle, allongée sur la baquette arrière / en nage"), mais aussi de ces corps mis à contribution : "Tout se rassemble autour du membre / ça s'étire hors de moi comme un filet de bave / foutre un peu délétère..."). 

    Dans ce recueil, c'est un voyage au bout de la vie que nous offre Marie de Quatrebarbes, une jeune auteure au talent exceptionnel et qui n'a pas fini de faire parler d'elle. C'était bien ? C'était bon, on s'est régalé, merci.            

    Marie de Quatrebarbes, La Vie moins une Minute, éd. LansKine, 2014
    Editions LansKine


    Ambassadeur de la Jeune Création : Marie de Quatrebarbes par culture-gouv

  • Et si on parlait informations commerciales et judiciaires ?

    Non, ne fuyez pas en découvrant le titre de cet article !

    Ce dont je vais vous parler concerne le choix éditorial d'un journal, Le Commercial du Gard, un hebdomadaire régional au choix éditorial que le bloggeur tient à saluer. De quoi est-il question dans ce journal ? Comme son titre l'indique, d'actualités commerciales locales principalement : sur 5 à 8 pages, en fin de revue, s'étalent des annonces aussi peu passionnantes que des liquidations judiciaires, dissolutions d'entreprises, constitutions et immatriculations de sociétés, ventes aux enchères publiques et autres avis de greffes de tribunaux.

    Pas de quoi s'enthousiasmer, me direz-vous, sauf bien sûr si le Code du Commerce est votre livre de chevet !

    Sauf que tout l'intérêt du Commercial du Gard réside précisément dans ses premières pages (quatre à six, voire plus, selon les éditions). Une telle gazette laisserait penser que le comité de rédaction choisisse de jeter son dévolu sur des sujets tels que l'économie, la politique ou des billets sur la le commerce local. Mais rien de tout cela. Le magazine nîmois (85 ans d'existence au compteur !) choisit régulièrement de couvrir un large faisceau de la vie culturelle : musique classique, littérature, cinéma, théâtre, opéra... et tauromachie ! 

    Ainsi, à côté de ces classiques informations judiciaires et commerciales, le numéro du 11 février 2015 nous parle d'un enregistrement de pièces de Frédéric Chopin avant de s'intéresser à une biographie de Joseph Haydn par Frédéric Gonin. Ce billet classique partage la une (et oui !) avec la présentation d'un essai de Christine Clerc, consacré aux relations entre Charles de Gaulle et André Malraux.

    Ce choix éditorial (les médisants parlerons "d'auberge espagnole") n'a rien de surprenant pour Le Commercial du Gard, qui assume parfaitement ses choix. Ainsi, dans les récents numéros, le lecteur peut y lire, pèle-mêle, un hommage au pianiste Aldo Cicolini (en photo), une présentation des folles journées de Nantes, un billet consacré à la fondation Maeght, des critiques de disques classiques de Nathalie Dessay, Alexandre Tharaud et Emmanuelle Haïm ou encore un article pointu sur les voies romaines en Gaule !

    Les personnes allergiques à la tauromachie (en page 3) ne s'attarderont sans doute pas sur les chroniques régulières consacrées à ce "divertissement", et partageant la page avec un extrait des Diaboliques de J. Barbey d'Aurevilly, dans la grande tradition des feuilletons du XIXe siècle.

    Du reste, la littérature n'est pas en reste avec une large place consacrée aux critiques de livres. Et là encore, c'est un certain éclectisme qui est de mise : avec Le Temps des Héros de Gérard Chaliand (éd. Bouquins), une compilation de textes épiques chantant les héros à travers les siècles, Les Gardiens de Dieu de François-Xavier Cerniac (éd. Cité Editions), un polar sur fond de secrets gouvernementaux et occultes et Deux Veuves pour un Testament (ed. Points Policier), un polar de l'auteure américaine Donna Leon. 

    Rareté, même pour une revue locale, Le Commercial du Gard ouvre largement ses colonnes aux sociétés savantes de la région : en l'occurrence, le lecteur régulier peut suivre numéro après numéro l'histoire de la ville de Nîmes (par un certain Ménard, membre de l'Académie Royale des Inscriptions et Belles Lettres). En l'occurrence, c'est Charles Martel qui est à l'honneur dans l'édition que le bloggeur a parcouru.

    Chaque numéro s'intéresse au cinéma. Pour le numéro du 11 février 2015, outre un focus sur le festival Écrans britanniques, une critique est consacrée au film de la réalisatrice autrichienne Jessica Haussner, Un Amour fou, "une (presque) comédie romantique sur le double suicide de l'écrivain Heinrich von Kleist avec une certaine Henriette Vogel qu'il connaissait à peine...

    Pour être complet signalons des rubriques classiques : recettes, mémento et éphéméride et conseils pratiques. 

    Finalement, le bloggeur salut dans Le Commercial du Gard une certaine idée de l'ouverture d'esprit, de la culture et des arts. Un beau résultat pour une revue locale, au départ consacrée à des informations commerciales et judiciaires peu sexy.    

    Le Commercial du Gard, hebdomadaire, 0,50 €

  • Fans de Pokémon

    Connaissez-vous les Pokéfans ? Ce néologisme désigne les fans de ces cartes apparus il y a 25 ans et qui faisiant fureur sur les cours de récréation. Faisaient et font fureur, aurions-nous en vite d’ajouter, car en 2021, il semble que les cartes Pokémon aient repris de la vigueur et soient devenus tendance. Un hors-série du magazine Collectionneur & Chineur revient sur cette "Folie des cartes Pokémon". Le numéro a été réalisé en partenariat avec le spécialiste InvestCollect.

    Un chiffre permet de se faire une idée sur ce nouvel engouement sur ces cartes que l’on aurait pu croire tombées dans l’oubli : entre 2019 et 2020, le volume de cartes échangées sur eBay a bondi de plus de 574%. Pas mal pour une idée venue tout droit de la tête de Satoshi Tajitri, un concepteur de jeu vidéo qui qui voulait "transmettre aux jeunes citadins le plaisir de « chasser » des créatures comme il le [faisait] enfant" avec de vrais insectes !"

    Dans un préambule éclairant réalisé par l’équipe d’InvestCollect, un focus est fait sur l’appétit grandissant pour la collection de ces cartes, des jeux sortis des cours de récréation pour entrer dans la sphère des passionnés, des monomaniaques de tous âges mais aussi des salles de vente (en janvier 2021, une carte "test" Dracaufeu Topsun de 1995 a été vendue plus de 418 000 euros).

    Le hors-série de Collectionneurs & Chineurs propose dans son numéro spécial de décrypter l’univers des Pokemon. Cela commence par un premier article sur l’univers de ces personnages venus du Japon : grâce à ce récapitulatif, les termes de "booster", de "carte énergie", de "dresseur" ou de "carte Rainbow" n’auront (presque) plus de secrets pour le lecteur qui pourra avoir quelques éléments pour commencer à jouer. D’ailleurs, les règles du  jeu font l’objet d’un article à part dans le magazine, de quoi peut-être vous permettre de devenir un joueur semi-professionnel, à l’instar de Stéphane Ivanoff, interviewé pour l’occasion.

    Le collectionneur ou futur collectionneur sera sans doute plus attentif aux deux pages suivantes qui présentent les caractéristiques visuelles de ces cartes Pokémon : illustrations, couleurs, symboles de rareté, PV et logos sont des éléments importants que prend en compte le collectionneur.

    Une carte "test" Dracaufeu Topsun de 1995 a été vendue plus de 418 000 euros

    Le magazine revient sur la culture Pokémon, une culture pop s’il en est, née dans les cours de récréation à l’aube des années 2000 et qui a drainé une foule de concepts et de produits dérivés : mangas, jeux vidéos, animés, compétitions officielles le fameux Pokémon Go ("un véritable délire planétaire", comme le dit le magazine) et pas moins de 20 films. Le lecteur pourra également novice apprendre ce qu’est l’indispensable Poké Ball.

    Le hors-série passionnera surtout les Pokefans grâce à plus de 75 pages consacrées aux collections, collectionneurs, marchés et cotes autour des petites cartes, dont certaines dépassent plusieurs centaines de milliers d’euros. Le lecteur de Collectionneur & Chineur découvrira que la folie des Pokémon concerne aussi des personnalités bien connues, que ce soit la chanteuse Hoshi (ce qui est loin d’être une surprise), les rappeurs Bigflo et Lorenzo ou, plus étonnant, le youtubeur et boxeur Logan Paul, qui s’est offert une carte Dracaufeu pour 150 000 $.

    Le collectionneur aguerri s’arrêtera surtout sur des articles consacrés à la certification officielle des cartes, au système de cotation, aux contrefaçons, non sans un passage par les salles de ventes aux enchères. La dernière partie du numéro, la plus ésotérique et sans doute aussi la plus prisée par les collectionneurs, est constituée des cotes de ces cartes Pokémon. De quoi espérer trouver chez soi ou chez nos enfants quelques raretés monnayables. On peut toujours rêver.   

    Hors-série "La folie des cartes Pokémon",  Collectionneur & Chineur, 2021
    https://www.collectionneur-chineur.fr
    https://investcollect.com
    https://www.pokemon.com

    Voir aussi : "Rêves violents" 

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